Leçon n°17 – Savoir observer un ‘Pavlov’

Un peu d’histoire:

Ivan Petrovitch PAVLOV est considéré comme l’un des fondateurs de la psychologie soviétique moderne. Son travail sur les réflexes conditionnés (ou conditionnels) a été publié dans deux livres, «Vingt ans d’expérience dans le domaine de l’activité nerveuse supérieure des animaux» (1922) et «Le réflexe conditionnel» (1928). PAVLOV est aussi à l’origine de nombreuses recherches sur les processus d’apprentissage, la formation des habitudes, le conditionnement au plaisir et à la douleur, le sommeil, l’hypnose, etc.

 

Introduction

Dans ce qui suit, en mémoire de ce chercheur, le terme «pavlov» désigne une comportement qui s’est mis en place par conditionnement (répétition), et qui, à première vue, se présente comme inchangeable, comme s’il était devenu un élément de ‘personnalité’ constitutif de l’identité de la personne qui en est la victime.

Les configurations extérieures et intérieures (I/E) dans lesquelles le pavlov a pris naissance doivent être soigneusement étudiées. En effet, ces environnements de l’époque ont constitué les cadres tant matériels qu’immatériels, tant physiques que psychiques, etc., de cette naissance. Dans ces conditions, ne pas faire le travail approfondi de recherche de ces éléments équivaut à se priver d’une bonne partie de la vérité et donc, de la possibilité de voir cesser ledit pavlov.

 

Observations

Le pavlov se présente comme le résultat visible (au présent) de ce qui s’est un jour produit pour la personne dans ses environnements. À la base (passée), se trouve toujours une sorte de décision plus ou moins (in)consciente qui a servi un jour à mettre au point des conditions d’existence raisonnables, en réaction/adaptation/compensation à une situation (I/E) ressentie comme insupportable. Cela signifie que le pavlov est né d’une interprétation (fonction sentiment) de la situation:

Exemple 1: «Puisque mon père ne m’aime visiblement pas, j’arrête de manger ce soir (et ensuite tous les autres soirs aussi, s’il le faut;  il fera bien attention à moi, quand même…».

Exemple 2: «Puisque je ne peux pas faire confiance à ma mère, je vais me méfier des femmes, d’abord de quelques unes, et ensuite, de toutes. Comme je ne peux pas leur faire confiance, je vais garder mes distances, les traiter comme des choses. Ce sera plus simple.»

Exemple 3: «J’en ai assez d’être traitée comme un objet de convoitise. Je vais m’enlaidir le plus possible, et puis, je vais faire disparaître tous mes désirs. Comme cela ne sera peut-être pas suffisant, il faut aussi que j’ignore toutes mes sensations, et que tout m’indiffère. Si possible, disparaître le mieux et le plus souvent possible, et de façon définitive s’il y a lieu.»

Exemple 4: «Je vois bien que ma mère (et/ou mon père) me méprise. Ça ne fait rien, je fais en faire tant et tellement, mon application et ma bonne volonté seront tellement évidentes qu’il (/elle) sera bien obligé(e) de le reconnaître un jour.»

Exemple 5: «Quand j’étais gamin, mes copains, dans les douches du gymnase, se sont moqués de mon sexe trop petit. Alors, je me suis dit que je ne pourrai jamais avoir de femme. Vers 26 ans, les enfants ont commencé à m’attirer beaucoup…»

Exemple 6: «Quand j’ai commencé à devenir une femme, je me suis habillée une fois avec un chemisier un peu décolleté, et mon père m’a traitée de pute. Depuis, ça m’égal, qu’est-ce que ça peut faire… je couche avec n’importe qui. ETC.»

Sous l’emprise d’un pavlov, je fonctionne sous le régime du ‘Grand Magicien’ (‘GM’) des conteurs-poètes soufis. Tant que ledit pavlov ne me pose pas de problème insupportable, je peux aller jusqu’à croire dur comme fer qu’il  «me tient depuis tellement longtemps que je ne parviendrai jamais à le changer.» «On ne se refait pas.». Donc, ce n’est même pas la peine d’essayer. Rien que l’idée du travail intérieur à ‘faire’ pour changer cela est ressentie comme fatigante. Signé Grand Magicien! Cette résistance objective et visible au changement intérieur a été désignée par le terme sclérose des catégories.

 

Analyse

Aussi ignorant qu’inconscient, fidèle allié du ‘GM’, l’esprit ordinaire (organisation mentale conditionnée à réagir de façon basique) qui s’accroche au pavlov est indispensable à sa survie, et il fera tout pour le maintenir en place à coup de protestations, d’impuissance, de colères, de justifications et de rationalisations de toutes sortes. «Cela fait tellement longtemps que je vis comme ça que ce fonctionnement est devenu moi (syndrome d’identification), ou à moi, (syndrome de possession).» D’où le système de défense suivant: «Mais si je m’en débarrasse, si je cesse de me comporter avec ce genre de fonctionnement, «je» suis quasiment certain(e) de mourir!»  Toujours la version Grand Magicien, qui utilise les angoisses de mort et de dissociation pour surtout ne rien changer.

Dans tous les cas, aux niveaux silencieux et inconscients, le pavlov est resté pour ‘moi’ depuis son premier instant d’existence synonyme de survie. Cette pétrification mentale peut durer tant que la schizophrénie (coupure psychique) qui l’accompagne et qui en résulte n’a pas été suffisamment reconnue, notamment grâce au dépistage des façons de parler listées sur le tableau des «gardiens» du langage courant. Cet état schizophrénique de fait se traduit par une inconscience corporelle qui résulte de la décision d’origine. Celle-ci s’est mise en place sur la base d’une formulation du genre «Je ne veux (ou peux) plus sentir ça», Le résultat consiste donc à couper le tandem sensation+perception, car comme il s’agit d’une véritable auto agression, j’oublie, j’éjecte cela de ma conscience pour pouvoir continuer à exister sans avoir l’impression de me marcher dessus. Tous les processus que je viens d’énoncer sont la plupart du temps inconscients.

De ce point de vue, le pavlov apparaît ainsi comme un comportement parasitaire perdurant qui a remplacé et/ou occulté un fonctionnement adapté à l’agression d’origine. Un comportement qui se présentait 10, 20, 30 ou 40 ans plus tôt comme une sorte d’adaptation fonctionnelle, un système de protection et de défense plutôt efficace sur le moment, devient franchement toxique et inadapté lorsqu’il continue à fonctionner à vide 10, 20, 30 ou 40 ans plus tard, alors que toutes les conditions I/E ont changé et que les motifs et configurations de la réaction d’origine ont disparu depuis longtemps. C’est ce genre de mécanisme inconscient qui est à l’œuvre et qui doit être recherché, conscientisé, puis abandonné.

 

Qu’est ce qu’un comportement?

En terme de conscience corporelle, ce que nous appelons «un comportement» constitue la résultante d’une configuration mentale organique et vibratoire particulier, que nous pouvons aussi appeler en langage courant une ‘disposition d’esprit’. Cet état’ (processus provisoirement stable) de la conscience à la fois fonde un comportement, le caractérise et lui correspond.

Par ailleurs, pour qu’elle soit à la fois pertinente, exécutable, réalisable et réussie, chacune de nos activités doit se produire au ‘juste moment; le «kaïros» des grecs. Si je me trouve enkaïros d’appétit érotique, ce n’est pas le moment d’attaquer la lecture du Capital de Marx, ni celle du Coran, de la Thora ou des Evangiles. Si l’heure est celle regarder un match de foot à la télé, n’importe quel discours philosophique, amoureux ou autre, arrivant de l’extérieur, sera ressenti comme in-désirable, in-adéquat et im-(non)-pertinent. Et réciproquement!

L’état mental vibratoire et énergétique qui correspond à un pavlov peut être ressenti comme une sorte de personnalité partielle qui vient remplacer mes fonctionnements très facilement si je n’y prends pas garde, si je perds ma vigilance, si je suis fatigué(e), etc., Me sentir dérangé par cette configuration vibratoire va prendre la forme d’un petit signal d’alerte silencieux qui peut se traduire au niveau verbal (interne) par une phrase du genre: «Fais gaffe, mon petit Philippe, tu dérailles…». Lorsque nous en parlons ensuite, cela devient; «Alors, je me suis dit: «Philippe, ça ne va pas! Il va falloir que ça cesse!»

En apparence, le ‘je’ raisonnable essaye de faire entendre raison à un autre ‘je’ qui s’appellerait ‘me’  mais qui lui reste inaccessible. Comme si ‘me’ se comportait comme un(e) gamin(e) indiscipliné(e) qui n’écoute pas les conseils de ‘je’ et qui n’en fait qu’à sa tête… En réalité, c’est-à-dire, au niveau des faits, dès que ‘je’ se met à parler à ‘moi’, il n’y a à attendre de ce genre de verbalisation qu’une augmentation de la confusion mentale.

Cette représentation de mon fonctionnement constitue une véritable carte sans territoire et cette illusion là doit être observée sans relâche jusqu’à ce que cède son caractère ‘false to fact’ (faux par rapport aux faits). En effet, elle maintient celui/celle qui cherche à s’en extraire dans un état d’infantilisme et d’impuissance chronique. Je ne peux pas «extirper» par mes propres moyens une soi-disant personnalité partielle qui serait censée me constituer, même de façon provisoire. Simplement, il importe de prendre conscience (voir mode d’emploi en 12 points) que cette représentation est née d’un processus mental nommé personnalisation, qui constitue une autre forme du processus d’objectification, les deux ayant pour racine le processus d’identification.

 

Expérience et verbalisation

Expérience faite, il se trouve que la conscience corporelle garde cependant la mémoire organique et cellulaire de «comment ça faisait quand je n’étais pas devenu(e) comme ça.» Le réglage mental particulier dit «relaxation profonde» permet dans beaucoup de cas et surtout en massage du Calme Mental® de ‘débrancher’ tout ou partie des systèmes de défenses qui fonctionnent sur les registres conscients habituels de l’existence ordinaire pour pouvoir ‘retrouver’ –c’est à dire réactiver- au présent les conditions de perception de la mémoire cellulaire.

Le terme ‘personnalité’ doit être clairement défini en évitant les vocabulaires symboliques ou poétiques, de façon à ne pas entraver la mise au point personnelle d’une représentation verbale opérationnelle et correcte. Cette configuration mentale doit être envisagée en termes de attentions-processus-énergie-mouvement-matière-espace-temps.

Dans ces conditions, cette formulation constitue une carte utilisable pour piloter ma propre transformation. Cette nouvelle carte réalisée aux niveaux silencieux permettra par expérience directe (en MRP, notamment) de faire l’expérience sensorielle subtile du processus vibratoire non encore actualisé correspondant audit pavlov, et de l’abandonner en pleine conscience. Seulement alors, la place sera vide pour permettre aux comportements adaptés au présent d’utiliser l’énergie disponible dans des environnements I/E assainis.