09 – Culpabilité: concept et sentiment

Etymologie:

L’étymologie de Culpa signifie: «la faute». Il y a aussi l’idée de châtiment avec l’expression ancienne «battre sa coulpe», qui signifie s’auto flageller. Cette expression vient au moins du 15ème siècle et plus précisément de cette invention du christianisme espagnol qu’on appelle les Flagellants. Il s’agit d’infliger des sévices, vexations, tortures et autres châtiments à son propre «corps». (Et ici, j’emploie le mot «corps» de façon délibérée.) Mais surtout, il s’agit de le faire bien voir! C’est un niveau publicitaire.

En Occident, la notion de culpabilité dépend d’une vision de l’être humain issue du christianisme que nous pouvons qualifier aujourd’hui de plutôt primitive, infantile, méprisante aussi… Le discours inconscient ressemble à: «Dans la réalité divine, tout au fond, je suis une âme parfaitement pure, mais cette âme vit en apparence dans un corps de merde qui est la proie constante de désirs de toutes sortes. Et il faut que je me débrouille de cela. Il faut que ma conscience soit le flic qui fait que ce corps va se tenir sage; à force de le battre, peut-être, j’aurais moins de désirs.» Les désirs du sexe, notamment. Les pires!

Les textes gnostiques du 2 et 3ème siècle après J.C. (par exemple, l’Évangile de Vérité ) n’employaient pas comme moi le terme «corps de merde», mais plutôt «corps de boue», pour bien marquer l’immense différence qui existe entre les Anges, immatériels et lumineux, et nous autres, pauvres humains, que Dieu est censé avoir façonné avec de la terre, qu’il a laissé… sur terre d’ailleurs, et qu’on en-terre après leur mort..

Dans le judaïsme, cette histoire de flagellants par sévices corporels n’a jamais eu de succès. C’est vraiment une idée chrétienne liée au puritanisme, au misérabilisme et à l’esprit de l’Inquisition. On retrouve la même dans certains courants islamiques, d’ailleurs. En revanche, l’auto flagellation intérieure caractérise mieux la culture judaïque; ce concept a été repris par Mao Tsé Tong avec les séances d’autocritiques, au cours desquelles les gens qui étaient suspectés d’être réfractaires au régime communiste devaient expliquer longuement à tout un auditoire à quel point ils avaient été (et restaient) socialement minables, épouvantables et détestables.

Ils devaient ainsi faire la preuve publique qu’ils avaient bien compris quelle était l’erreur profonde qu’ils avaient commise et à quel point ils la regrettaient, tout aussi profondément, d’ailleurs, jusqu’à ce que toute leur énergie personnelle de contestation ou d’individualisation soit brisée. Je soupçonne Mao d’avoir lu quelques ouvrages sur l’Inquisition. Ses méthodes semblent en venir tout droit.

L’erreur et sa réparation

Nous devons aussi différencier les concepts de faute et d’erreur et là-dessus, la philosophie du Droit peut nous être utile. Nous qualifions d’erreur le résultat des comportements, décisions, etc., d’une personne qui, à l’évidence, n’avait pas eu conscience que ces actions (ou omissions) pourraient produire des conséquences dommageables. Lorsque qu’une personne fait une erreur (le langage courant actuel dit plutôt «se plante», ou encore «bœugue») elle dit: «Oups! je ne savais pas…».

Notre civilisation occidentale est fondée sur le vieux proverbe gréco-romain; «errare humanum est»: l’erreur est humaine, se tromper est humain. En gros, cela signifie que, du point de vue de l’Ordre Social, «Tout le monde a le droit de se tromper», dans la mesure où nous ne pouvons pas tout[1] savoir. C’est pourquoi une personne qui ‘se trompe’ parce que personne ne lui a dit comment il fallait se comporter est par définition excusable et pardonnable. Et cette réaction, presque toujours inconsciente mais qui fait partie intégrante et fondamentale de notre fonctionnement social est l’attribut caractéristique de l’erreur.

A ce niveau, il n’est pas question de calcul obscur, de stratégie de mensonge ou d’une quelconque intention de nuire. Et lorsque quelqu’un présente ses excuses, demande le pardon et propose de réparer son erreur, un comportement sincère de repentir permet au ‘lien social’ de se reconstituer de façon partielle et au moins dans un premier temps.

En revanche, et parce que nul n’est censé ignorer la Loi, les conséquences dommageables d’une erreur, à savoir les préjudices que nous avons pu causer à quelqu’un du fait de notre erreur, doivent être réparées. Nous y sommes expressément tenus par l’article 1384 (et les suivants) du code civil qui peut se résumer par la formule «Qui casse paye.» Que l’ignorance, la faute ou l’erreur soient à l’origine du désordre, peu importe, nous devons réparer les conséquences de nos ‘bêtises’. Cette réparation permet au lien social de se reconstituer complètement.

Le concept de faute

Le concept de faute est d’un autre ordre: «Je sais que je ne dois pas faire ceci ou cela, mais je le fais quand même.» Il y a une véritable intention, ainsi qu’une certaine connaissance des règles que la personne fautive a choisi d’ignorer dans les faits. Cela dit, si le principe semble simple, la variété des situations humaines ne l’est pas et les juristes ont été amenés à différencier plusieurs types de fautes.

Par exemple, une faute simple: je dépasse la vitesse autorisée par le code de la route, je me fais flasher par un radar et je reçois une amende à payer. Conscient ou pas, je suis en faute (infraction) parce que le code de la route, qui liste tout ce que les conducteurs n’ont pas le droit de faire, en a ainsi décidé et que je n’ai pas le droit d’ignorer cette Loi[2]. Donc, je paye. Ici, le sentiment de culpabilité peut avoir un effet positif: celui qui va me pousser à essayer de ne pas recommencer.

Existe également la faute intentionnelle; «J’ai vraiment l’intention de me mettre en faute, je sais que ce que je vais faire est illégal, interdit, etc., mais j’espère que je ne me ferais pas prendre.» Cette façon d’agir a un côté particulièrement pervers. Il s’agit d’une violation délibérée des règles qui ont été données et qui s’imposent à tout le monde. La Loi étant par définition le recueil des règles faites pour permettre la meilleure et la moins pire coexistence sociale, elle exprime (en démocratie) de façon statistique la volonté du plus grand nombre. C’est pourquoi nous sommes réputés la connaître et nous comporter dans les faits en accord avec ses prescriptions.

Comme son nom l’indique, le concept d’Ordre Public fonde l’organisation de la vie publique de façon à maintenir un ordre social et collectif dans lequel chacun doit pouvoir vivre et faire ses affaires en paix sans gêner les autres qui ont les mêmes droits et les mêmes devoirs.

En poursuivant ses buts personnels au mépris des conventions techniques de l’existence sociale et en agissant de la sorte en connaissance de cause, une personne choisit de se mettre hors le jeu social, ‘Hors la Loi’, ‘Outlaw’. Dans ces conditions, ceux qui violent la Loi de façon délibérée doivent s’attendre à en payer le prix. Rien d’étonnant à cela. C’est simplement la Règle du Jeu Social. Cela fonctionne ainsi.

Dans son principe, la Loi s’impose à tous et c’est comme ça que ça marche. Le fait que ça puisse nous plaire ou non n’est pas pertinent ici car il relève de la psychologie individuelle, dont la racine égotique n’échappera à personne[3].

Il existe d’autres niveaux de faute mais ces deux premières nous suffisent pour comprendre que ce que nous venons d’envisager correspond à des réalités extérieures.

Le sentiment de culpabilité

Avec le sentiment de culpabilité, rien de tel; nous ne sommes pas dans la réalité extérieure puisqu’il s’agit d’une production mentale issue du registre «Fonction sentiment»[4]. Tout se fabrique à l’intérieur.

Lorsque je suis ‘la proie’ (c’est-à-dire victime) d’un sentiment de culpabilité, cela signifie que mon organisation mentale se trouve bouleversée, agitée; dans ces conditions (dans lesquelles le calme mental n’est qu’un lointain souvenir), elle fabrique à la suite des émotions supplémentaires qui elles-mêmes, alimentent des sentiments etc., en une sorte de manège infernal. Il n’y a pas de raison particulière pour que cela s’arrête. En littérature, les exemples foisonnent de gens qui sont «rongés par le remord», expression imagée très ‘parlante’. Et dans notre monde ordinaire, ‘grignoté’ ou ‘taraudé’ par l’angoisse ordinaire, cette agitation mentale fabrique les conditions objectives du Stress Longue Durée, reconnaissable aux sentiments de lassitude et d’absence d’issue possible qui l’accompagnent.

Tout cela est une pure création de mon esprit, et j’y crois dur comme fer, bien entendu, parce que par définition, ‘on’ m’a appris à croire que mes sentiments, mes émotions sont les miens. C’est ma personnalité, mon individualité, mon style, mon originalité. En bref, c’est ma propriété, c’est à moi, et même c’est moi; tout cela me constitue. Aux niveaux inconscients et conditionnés, comment ferais-je même pour songer à m’en séparer? Rien que l’idée paraît folle!

Ni vous ni moi n’avons appris à l’école que notre culture occidentale fonctionne sous la direction d’Egos collectifs puissants qui servent de modèles à nos Egos individuels. Par conséquent, pas un instant je ne vais penser qu’en réalité, les productions mentales en Esprit Ordinaire que je prends pour mes créations sont des créations de l’Ego qui envahit et fascine mon champ de conscience avec cette Egollywoodesque fantasmagorie, illusoire, certes, mais ô combien crédible…

Pourquoi ne pas considérer les sentiments et les émotions comme des indicateurs d’existence, de simples paramètres de l’activité mentale? Pourquoi ne pas considérer que ces productions nous constituent, certes, mais n’ont pas vocation à faire plus de dégât de conscience que la respiration, la transpiration, la digestion, la faim, la fatigue et plus généralement, n’importe quelle production mentale? L’aérophagie aussi constitue un phénomène organique.

Si vous parvenez à vous représenter le fonctionnement (perturbateur ou pas) des émotions et des sentiments comme aussi ‘normal’ que l’aérophagie ou une crise de foi(e), vous aurez fait un grand progrès de conscience et vous verrez: ça aide!

L’énergétique de la culpabilité

Les sentiments servent à produire des jugements à propos des événements du monde que perçoit notre conscience; ils contribuent en grande partie à façonner nos représentations du monde, c’est-à-dire, les cartes que nous projetons sur les ‘territoires’ que nous percevons. Ce que notre conscience ne perçoit pas nous échappe par définition. C’est le domaine de l’ignorance et de l’inconscience. Cela ne veut pas dire qu’il ne s’y passe rien, bien au contraire; cela veut dire que nous ignorons tout de ce qui s’y passe.

Le sentiment de culpabilité intervient comme une analyse de la situation que produit une sorte de Juge Intérieur qui dit: «Voilà, tu es coupable, c’est pas bien, tu as fait ce qui ne fallait pas faire et maintenant tu dois payer le prix, etc.» Si ce sentiment a pour effet de prendre conscience des aspects dangereux du «Hors la Loi», et me rappelle, vivant dans un monde social complexe, que je suis par définition obligé de suivre ses règles, tout va bien. Le sentiment (intérieur) est adapté à son objet (extérieur).

Ce qui ne va pas bien, c’est lorsque les sentiments de culpabilité fonctionnent de façon imprécise et indifférenciée en synergie ceux d’impuissance et d’indignité, ce que j’appelle le «Trio Infernal» ou encore «le Trépied de l’Ego». Ils méritent alors d’être considérés comme une pathologie de la conscience, d’une part, une création de l’Ego d’autre part, et d’un symptôme de dysfonctionnement du sens personnel d’existence, de tierce part.

Le discours associé au sentiment d’indignité est «Je ne suis rien, je ne vaux rien, je ne suis pas digne de l’attention ou l’amour qu’on me porte, pas digne qu’on me regarde, qu’on m’écoute… Et comme je ne suis capable de rien, tout ce que je suis bon à faire, c’est m’allonger par terre pour qu’on me marche dessus, qu’on s’essuie les pieds sur moi sans me voir; et que dise ensuite «merci», en étant en plus reconnaissant qu’on m’ait laissé en vie. Tant que je n’ai pas d’argent, je ne vaux rien. Celui qui n’a pas sa Porsche ou son hôtel particulier n’est qu’un minable.» etc.

Le sentiment d’impuissance «Je ne sais pas faire, je ne peux pas le faire, je suis nul(le), je suis impuissant(e), avec en sous entendu, mais je devrais savoir le faire. Tout le monde sait le faire sauf moi, c’est évident. Pourquoi moi, je ne sais pas le faire?» Toutes ces ‘lois cosmiques’[5] confirment et prouvent même autant qu’il est besoin que «Je suis nul(le), moche, indigne, largué(e), etc. «Tout le monde a un boulot sympa, tout le monde a un(e) conjoint(e), tout le monde a des enfants, une famille normale. Sauf moi. Pourquoi pas moi? Parce que je suis trop nul(le), je suis indigne d’être heureux et je n’y arriverai jamais.»  À ce stade, l’Ego a gagné la partie, bien sûr.

Dans sa version musulmane, le sentiment de culpabilité peut s’énoncer par la blague bien connue: «Bats régulièrement ta femme. Si tu ne sais pas pourquoi, elle, elle le sait.» Dans le système judéo-chrétien, cette notion existe aussi puisque Victor Hugo, dans la légende des Siècles écrit: «L’Œil [de Dieu] était dans la tombe et regardait Caïn». Le discours implicite et inconscient est: «Quel que soit le caractère profondément caché de tes turpitudes, Dieu le voit, car Dieu voit tout.» Dans cette psychologie qui trouve un sommet dans le protestantisme, il n’existe aucun refuge pour être tranquille. «Même si je trouve moyen de me réfugier dans les cavernes les plus profondes, le sentiment de culpabilité me rongera quand même. Nulle part, je n’échapperais à l’œil de l’Esprit Intérieur qui me poursuivra jusqu’à ma mort, et peut être même au-delà.» C’est une Police de la Pensée très persuasive! Le Surmoi Grand Flic Intérieur de Papa Freud, le Big Brother de Georges Orwell dans 1984.

Prendre la distance de conscience juste

Lorsqu’après quelques verres de whisky, nous commençons à croire à n’importe quoi, à commencer par l’ensemble de nos potentialités dépressives (ou agressives, ou bêtifiantes, etc.) que nous recevons comme une claque en pleine figure, nous sommes vraiment perdus, mais nous connaissons bien le principe. Rien d’étonnant à cela. D’une certaine façon, c’est officiel. Cette réalité fait partie de notre conscient collectif.

Mais nous sommes beaucoup moins conscients que notre esprit est capable de se ‘shooter’ tout seul et de se noyer dans une valse de sentiments et d’émotions négatives qui n’ont rien à envier à aux hallucinations et aux débordements de l’ivresse alcoolique. Si nous commençons à déprimer et y croire, nous sommes perdus de même. Le résultat se décline en aveuglement, ténèbres (même racine étymologique que «ébriété») et dépression.

Dans la dynamique bouddhiste, les sentiments sont envisagés d’abords comme des productions mentales. La méditation sert à prendre connaissance et conscience que notre esprit produit tout cela, certes, mais aussi que nous ne sommes pas notre esprit; nous ne sommes pas obligés de croire aux discours du bavardage mental et aux différents cinémas que nous produit l’Ego.

Alors autant tenir tout cela à distance. Pas la peine de se casser la tête avec les productions mentales. 1°) Elles changent tout le temps (principe d’impermanence), 2°) la moitié se révèle fausse lorsque je cherche à les vérifier, 3°) la deuxième moitié est conditionnée par des prémisses d’enfance aujourd’hui obsolètes, 4°) la troisième moitié repose sur des croyances elles-mêmes non vérifiées, 4°) une quatrième moitié fait office de fantasme auto-produit par Egollywood! Etc.

Nous ne sommes pas propriétaire de notre esprit ni de ses créations. Il fonctionne la plupart du temps à notre insu; le pilotage de l’Ego obscurcit souvent notre conscience et ce n’est que lorsque le calme mental se produit un peu que nous pouvons prétendre un peu à y ‘voir clair’.

Contrairement à ce qu’il nous raconte, notre esprit ordinaire ‘conscient’ ne perçoit pas tout, qu’il ne sait pas tout, et en plus, qu’il n’a pas toujours…raison. Loin de là!  En réalité, il n’est conscient que de ce qu’il est capable de ressentir ou de sélectionner sur l’instant, tout le reste étant rangé en ‘mémoires’ à court, moyen et long terme, pas forcément accessibles facilement, d’ailleurs. Alors, en matière de sentiment, et celui de culpabilité n’y fait pas exception, Alors…

Que pouvez-vous non-faire pour cesser d’en être la ‘proie’?

  1. D’abord, installez la configuration mentale méditation[6]

Observez en pleine action cette activité mentale qui consiste à interpréter, qualifier, juger, etc., ce qui se passe. Laissez la faire en observant discrètement et sans intervenir. En faisant seulement cela, vous êtes déjà en conscience en train de quitter l’état d’inconscience. Et ensuite…

  1. Apprenez à identifier les fonctionnements mentaux:

Apprenez à identifier vos opinions, vos jugements, vos ‘certitudes’; apprenez à reconnaître (même après coup) comment fonctionnent vos sentiments de culpabilité, comment ils sont connectés aux sentiments d’indignité et d’impuissance, comment ils sont contaminés par les émotions, les sensations, les intuitions, les pensées intellectuelles, toutes les autres pensées… Apprenez à reconnaître  les signes, les symboles et ce qu’ils produisent dans votre organisation mentale. Chaque fois que possible, observez comment ils se fabriquent de façon automatique et presque toujours à votre insu.

  1. Contemplez en prenant la distance de conscience juste

Contemplez ici-maintenant ces processus qui étaient inconscients lorsqu’ils se sont produits. Vous les acceptez dans votre activité consciente et ce faisant, vous faites œuvre de conscience. Cela ne veut pas dire que vous les validez, cela veut dire que vous reconnaissez leur existence, que cela plaise ou non à votre Ego. Et vous reconnaissez aussi que vous êtes le théâtre vivant de cette ‘pièce’ dont vous n’êtes pas l’auteur(e).

  1. Après cette contemplation, STOP! Bloquez le processus

Intérieurement ou extérieurement, dites à voix basse ou haute: «STOP! Ça juge, mais je ici-maintenant ne sais pas tout.» Et pendant 15 secondes, ne faites rien de particulier. Ne faites rien d’autre que de compter ces 15 secondes. Ne remplacez ce que vous venez d’interrompre par rien d’autre. Contentez-vous de ne pas suivre ce bavardage intérieur. Cet automatisme relève du commérage et pas de la connaissance. En Sémantique Générale, cette technique est appelée le Délai de réaction.

En vous appuyant sur ces 15 secondes de suspension autoritaire du bavardage mental, contentez vous de changer brutalement de niveau et

  1. Revenez en conscience corporelle:

À partir de la conscience blanche, au centre de la boite crânienne, envoyez votre attention première (laser) alimenter la conscience rouge du ventre. Pour faciliter le processus, contractez violemment et ensemble les sphincters anal, urétral et génital. À partir cet œil du ventre, observez simplement votre respiration, les sensations des plantes de vos pieds et les tiglés qui correspondent. Si votre ‘intellect’ fonctionne après votre ‘ventre’, votre existence sera plus en accord avec la ‘réalité’. Tout simplement.

  1. Pour ‘protéger’ votre esprit, dés-identifiez  et Invalidez:

Pour réaliser ensemble les deux processus de désidentification et d’invalidation, utilisez la technique des ‘mantras’. Prononcez en conscience, et si possible à haute voix:

Je ne suis pas ‘mon’ corps,
Je ne suis pas ‘mon’ esprit,
Je ne suis pas ‘mes’ pensées,
Je ne suis pas ‘mes’ émotions,
Je ne suis pas ‘mes’ sensations,
Je ne suis pas ‘mes’ sentiments,
Je ne suis pas ‘mes’ perceptions,
Etc.!
En conscience, je les contemple;
Ils se produisent, ce ne sont pas les ‘miens’.
Quoiqu’il arrive et que je perçoive,
Je ne suis pas ces processus mentaux.
Je ne suis pas ce qui se passe, ni dedans, ni dehors.

  1. Décrivez ce que vous avez observé et Reformulez:

Qu’il s’agisse des événements ‘extérieurs’ ou des phénomènes mentaux ‘intérieurs’, observez à quel point ce qui se passe dans les faits est fondamentalement différent de ce que votre bavardage intérieur vous en dit…

D-Écrivez ce que vous ressentez. C’est une étape indispensable dans le processus vos transformations de conscience[7]. Après le premier ‘jet’ d’écriture, il vous sera plus facile de  voir ce qui ne ‘colle’ pas et vous pourrez chercher (avec un guide qualifié) à modifier les formulations erronées de façon plus conforme aux faits. Votre organisation mentale se mettra à fonctionner sur des données certes moins simplistes, mais structurellement plus en cohérence avec la réalité.

  1. Ayez conscience d’abstraire!

A°) Ce que je viens d’exposer n’est pas la réalité. Il s’agit d’un discours à propos de ce qui se passe, d’une carte verbale à propos de certains territoires verbaux et non verbaux.

B°) Ce que je viens d’exposer n’est pas toute la réalité: je n’ai pas tout dit, pas tout compris, pas fait le tour de la question. Vous non plus.

C°) Une carte ‘est’ autoréflexive. Ce que je viens d’exposer n’a rien ‘d’objectif’, votre compréhension non plus. Il s’agit de mes façons limitées de parler/penser à propos de ce qui se passe; il s’agit de vos compréhensions limitées à propos de ce que vous vivez et de ce que je viens d’écrire.

  1. Admettez!

Prenez conscience que c’est ainsi que votre existence mentale fonctionne. Inutile de vous désoler ou de vous extasier. Ce n’est ni bien ni mal, cela se passe simplement ainsi. Le travail de conscience à faire ici consiste à accepter les faits de façon brute. C’est le moment d’utiliser la ‘clef’ de la cessation de la souffrance: l’absence d’interprétation.

  1. Et maintenant, occupez la place de l’Ego et faites attention!

Surtout, ne faites rien d’autre. Votre seul effort (travail) va consister à observer de façon très précise l’activité de votre esprit, à contempler paisiblement son agitation ordinaire, ne pas chercher à vous en saisir et surtout, surveiller que votre EgoSystème ne la remplacera par aucune autre activité mentale.

Et si vous ‘croyez’ que vous avez mieux que cela à faire dans existence courante, à savoir bosser, par exemple et que «C’est soit ça, soit la vie ordinaire.», vous avez perdu! Cela montre que vous continuez à votre insu à identifier à votre conscience avec votre EgoSystème! En ce cas, prenez conscience que vous fonctionnez encore en hypnose égotique! Vous n’avez pas cessé d’être la victime inconsciente de vos peurs et de vos conditionnements. Ils sont encore plus forts que vous parce que vous n’avez pas cessé de ‘vous battre’ ni de fonctionner sur la logique de ‘toujours plus’. Votre entraînement n’est pas suffisant; vous n’avez pas ‘usé’ l’Ego avec assez de patience; vous ne savez pas encore lâcher prise ni coller à l’instant présent.

Mais ce n’est pas grave.

Vous pouvez reprendre l’entraînement quand vous voulez, n’est-ce pas?!


[1]  2ème prémisse de la Sémantique Générale: «Une carte ne recouvre pas tout le territoire qu’elle représente.»
[2] Dès qu’une Loi a été promulguée (publiée) dans les formes légales, personne ne peut dire «je ne savais pas». Nul n’a le droit d’ignorer la Loi, tel est le principe qui découle de l’article 1 du Code Civil dans lequel la Loi est effectivement décrite.
[3] Voir la Leçon n°19: J’aime-ça-j’aime-pas-ça (Je-veux-je-veux-pas)
[4]  Voir le concept de «Fonction mentale» chez C.G. Jung. Mélange de «sentir» et de «mental», mélange de perception et d’analyse des sensations.
[5] Voir Leçon n°5: Les Gardiens du langage courant
[6] Je rappelle qu’elle est impossible à réaliser seul, ou même avec un CD ou un livre. Sans guide extérieur qui échappe à l’aveuglement spécifique, l’Ego récupère tout à son profit. Une transmission vivante doit avoir lieu.
[7] Voir Mode d’emploi n°3: Prendre conscience