Bhaï Sahib 1935

Drôle d’affaire!

*** La question de savoir si Dieu existe ou n’existe pas existe depuis très longtemps. Il est même possible de déterminer de façon très précise quand elle a été posée pour la première fois. C’est le jour où quelqu’un s’est dit que tous ses contemporains se battaient toujours pour savoir de quelle façon Dieu existait sans se poser préalablement la question de Son existence.

Et depuis, pour chaque humain qui se pose cette question, c’est toujours la première fois, et c’est toujours la même confusion de niveaux qui provoque toujours la même confusion mentale et la même impasse au résultat.

Pour comprendre quelque chose à cette histoire, il suffit de se rappeler que le seul fait de poser verbalement cette question implique que la portée  de la réponse sera forcément limitée au seul même niveau de verbalisation, c’est-à-dire au sous-ensemble de l’activité mentale que nous appelons “intellect”.

J’ai bien dit “portée”, et non pas “valeur”. Qu’il y ait valeur impliquerait la mise en jeu d’autres  fonctions mentales, c’est-à-dire non seulement sensation, sentiment, intuition, mémoire et conscience du moi et de ses modalités, mais encore fonction symbolique, fonction transcendante, etc… ces termes référant bien entendu à un système culturel particulier.

C’est pourquoi, sur le plan de “exister”, il ne peut y avoir qu’une quantité de réponses limitée à cette question ainsi mal posée. Le nombre exact s’obtiendrait en multipliant le nombre de fonctions  décrites dans le paragraphe précédent par le nombre de systèmes socio-culturels ainsi que par le nombre de leurs habitants se posant la même question à une date donnée, le tout multiplié finalement par les trois niveaux fondamentaux d’incarnation de l’Humain que sont le Quotidien, la Sexualité et la Spiritualité.

Une fois sorti du seul plan très réductif de “exister”, la question devient  plus intéressante, et peut alors être notamment posée en termes de relation. C’est ainsi qu’en 1935 ap.J.C. , un Maître Soufi indien nommé Bhaï Sahib reçut chez lui une femme qui se plaignit à lui (entre beaucoup d’autres choses) que trop d’épreuves l’avaient atteinte, qu’elle n’avait plus aucune raison de croire en Dieu et qu’elle pensait même s’en passer complètement. Bhai Sahib, les larmes aux yeux, répondit seulement: «Il va être très triste! Et que deviendra-t’Il sans personne pour l’aimer?» Cette réponse qui fut bouleversante transforma complètement la vie spirituelle de cette femme.

Mais nous ne sommes ni en Inde, ni en 1935. C’est dommage, n’est-ce-pas?